Le flambeau des rancunes by Thorpe Gav

Auteur:Thorpe,Gav [Thorpe,Gav]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantasy
Publié: 2015-04-21T00:13:28+00:00

LES DERNIERS FRIMAS de l’hiver s’attardaient dans les montagnes, sous un ciel bleu et dégagé. Barundin venait de passer ces mois hivernaux à préparer l’expédition, sachant que les neiges rendraient les routes quasiment impraticables jusqu’aux dégels printaniers. Tant que les cols montagneux étaient restés négociables, il avait envoyé des rangers au sud et à l’ouest, en quête de nouvelles de Wanazaki. Pendant la chute des neiges, quelques compagnies intrépides avaient emprunté le Passage en direction de Karak Varn, même s’il était par endroits obstrué par des éboulements ou des inondations. Si personne n’avait encore retrouvé l’ingénieur mentalement instable, on avait à plusieurs reprises aperçu son gyrocoptère dans les terres du sud.

Voilà pourquoi Barundin se retrouvait maintenant à la tête d’un détachement de vingt nains, en train de longer les rives de Karak Varn… Tharonin et Arbrek s’étaient tous deux élevés contre le fait que le roi se joigne à l’expédition, jugée trop dangereuse. Barundin avait fait fi de leurs appels à la prudence, au grand dam de ses aînés, s’assurant le concours de Dran le juge, un des thanes les moins respectables de Zhufbar. Dran jouissait d’une bonne réputation auprès des rangers, et connaissait bien les terres s’étendant entre Karak Varn et les montagnes noires, là où Wanazaki vivait maintenant, à ce qu’il paraissait.

Barundin était de belle humeur. Si le cœur de tout nain qui se respecte palpite pour la pierre robuste et s’emballe pour les tunnels des profondeurs, quelque chose, dans l’air vivifiant et matinal de la montagne au grand soleil, émouvait aussi le roi jusqu’à l’âme. Sa compagnie avait pris à l’ouest du Lac noir, prenant garde de passer à respectable distance, puis dressé le camp dans une petite dépression, non loin. Par-delà les eaux sombres et planes, on apercevait nettement les cimes des monts. La plus haute était Karaz Brindal, au sommet de laquelle se dressait une des plus imposantes tours de guet du royaume nain – hélas tombée en désuétude et infestée depuis de trolls de pierre… On disait qu’un nain perché à Karaz Brindal pouvait voir aussi loin que le mont Gunbad. Lorsque la ville était tombée aux mains de l’ennemi, les sentinelles de la tour avaient paraît-il muré les meurtrières orientées à l’est afin de ne plus avoir à subir l’affligeant spectacle de leur forteresse pillée et souillée par les grobis.

Sur une chaîne de contreforts de Karaz Brindal, la mine tentaculaire à ciel ouvert des Naggrundzorn était maintenant inondée par les eaux qui avaient jailli à Karak Varn, balayant tout sur leur passage, et faisant éclater les roches. C’était là que l’arrière-arrière-arrière-arrière-arrière grand-père de Barundin avait été rattrapé par son destin en combattant des chevaucheurs de loups du Mont Gunbad tout en cherchant à protéger une caravane minière chargée de porter tribut au haut roi de Karaz-a-Karak. À l’époque, on parlait effectivement de véritable rançon de roi, alors peut-être que ça ne devait représenter que la moitié de toutes les richesses de Zhufbar. Le temps où la route de l’argent conduisant au mont lance-argent

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